« En France, le populisme n’a pas encore atteint son pic ! »

En marge de l'article :

http://saintecroixinfo.over-blog.com/2018/09/les-neo-nicotinoides-polluent-ils-le-village.html

L'Europe et la France serait elle empreinte de Populisme, nationalisme, communautarisme ? Selon les adversaires du communautarisme les droits d’un individu risquent de devenir différents en fonction de son appartenance à telle ou telle communauté, fondée sur une religion, une ethnie ou une communauté linguistique.

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Comment expliquer l’éclosion des mouvements populistes en Europe ?

Il ne s’agit pas d’une éclosion mais d’une montée en puissance de ces mouvements qui franchissent de nouveaux paliers électoraux. Le phénomène du populisme est plus ancien. Par exemple, la Ligue du Nord est entrée au parlement italien en 1994 comme alliée de Silvio Berlusconi et gérait déjà des portefeuilles importants comme l’Intérieur.

Qu’est-ce qui nourrit ces mouvements ?

Le premier facteur reste la crise de confiance massive contre la démocratie participative et contre les élites politiques. Le premier symptôme a été l’abstention qui n’a cessé d’augmenter. Deuxièmement, la crise migratoire enclenchée depuis 2014 et la visibilité de l’islam politique sont des explications mais qu’il faut dépasser. Plus largement, c’est un rejet du multiculturalisme qui s’exprime. Les opinions ont le sentiment que les fondements de notre société sont remis en cause. Le multiculturalisme n’est pas un mouvement naturel. Il ne va pas de soi dans des sociétés qui vivent dans la stabilité depuis des siècles. C’était une erreur d’Angela Merkel de croire que l’arrivée de 800 000 migrants en Allemagne allait être bien accueillie.

L’exercice du pouvoir de ces partis ne va-t-elle pas mettre en lumière leur incapacité à résoudre les problèmes ?

Il existe malheureusement une possibilité qu’ils ne se sortent pas trop mal de l’exercice du pouvoir et qu’ils démontrent qu’ils ne sont pas la caricature qu’on peut faire d’eux. Quand on tire le bilan de leur action comme pour le FPE en Autriche par exemple, nous nous apercevons que leur assimilation au fascisme est une mauvaise affaire. On ne trouve pas de fascisme dans leurs mesures.

Cette accession au pouvoir des partis extrêmes est-elle un risque pour l’Union européenne ?

Il existe en Europe, et même au-delà avec Donald Trump, un vaste mouvement populiste qui veut défaire la construction européenne. Cette dernière n’est pas morte, mais les populistes de droite la mettent déjà à mal. Le fait que l’Europe ne s’accorde pas sur une politique d’accueil des réfugiés et leur répartition est déjà leur victoire. Peut-être nos dirigeants auraient dû imaginer une Europe à deux vitesses, notamment lors de l’élargissement aux pays de l’Est auxquels nous avons administré beaucoup trop fortement notre modèle, ce qui aujourd’hui crée des résistances. On le voit avec le groupe de Visegrad mené par la Hongrie.

Le populisme de gauche est-il aussi vigoureux que celui de droite ?

La France Insoumise en est un exemple. En Allemagne, on assiste à l’essor de « Debout » créé par Sahra Wagenknecht clairement identifié à gauche. La gauche radicale, même si elle privilégie l’aide aux migrants dans leur propre pays pour éviter qu’ils ne s’exilent, se positionne contre leur accueil en Europe.

L’élection présidentielle de 2022 sera-t-elle soumise aux populismes ?

En France, les familles du populisme n’ont pas atteint leur pic, même si je pense que Marine Le Pen oui. L’élection présidentielle de 2017 a été un non-choix peut-être à cause de l’échec du débat télévisé pour l’extrême droite. Mais les idées sont toujours présentes.

Recueilli par Gil Bousquet  (La dépêche du midi)

« Le retour des populismes » Ed. La Découverte.Jean-Yves Camus directeur de l’observatoire des radicalités, spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe, membre de la fondation Jean Jaurès.